Édito du Président (juillet et août 2016)

Les Britanniques votent « NO »

Finalement, les Britanniques ont voté pour quitter l’Union Européenne (UE). Ils nous avaient rejoint en 1973. 43 ans après, le vote « Leave » (= quitter) remporte le référendum du 23 Juin dernier avec 51,9%, contre 48,1% pour le vote en faveur du « Remain » (= rester), plébiscité en majorité par les jeunes et les citadins.

Le Premier Ministre David Cameron a annoncé sa démission, jusqu’à la désignation de son successeur après l’été, en précisant que dans l’intervalle, il s’attacherait à «stabiliser le navire », ce qui s’avère d’ores et déjà plus que nécessaire tant le bouleversement attendu se précipite à leurs et à leurs portes, comme aux nôtres. Sans plus attendre, deux des responsables politiques marquants de la campagne en faveur du « Leave » ont décliné l’offre de prendre les rênes du pays pour le conduire vers ce nouvel avenir. Le futur gouvernement, bien difficile à former puisqu’une grande majorité des députés de la Chambre des Communes est favorable au « Remain », devra saisir officiellement les 27 autres États-membres, de son intention d’entrer en négociation avec eux (selon les dispositions de l’article 50 du Traité de Lisbonne) afin de sortir de l’Union. Une fois cette requête notifiée, l’accord entre le RU et les 27 devra être finalisé en 2 ans.

Le résultat clair de ce référendum consultatif est déprimant, non seulement pour le Royaume Uni, mais aussi pour l’Europe. La place de l’Europe dans le monde est sévèrement affaiblie, tout comme celle de la Grande-Bretagne.

L’UE, qui s’est construite sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale représente un fabuleux espoir: la concrétisation que cela conduira notre continent à la paix, à la prospérité et à la solidarité, que ce bloc solide sera un puissant aimant pour d’autres pays cherchant la démocratie, enfin que ce modèle est sans précédent. Le vote national pour le Brexit met certainement dangereusement à mal nos valeurs. La chancelière allemande Angela Merkel l’a dit « il n’y a point à tourner autour du pot : ce jour est un grave tournant pour l’Europe ».

 

L’on dit communément que le Royaume-Uni était, avant le référendum, à moitié dans notre Union. Maintenant il voudra être à moitié dehors. La situation sera différente certes mais pas tant que cela. Même si cette campagne a réveillé bien des passions et des tensions, pour la négociation future qui s’engagera sans plus tarder, souhaitons-le, il est dans l’intérêt des deux (les 27 et le RU) qu’elles puissent dégager des bénéfices communs. Ainsi l’intérêt des Britanniques est de rester attachés à l’Union européenne, avec un accès préférentiel à notre marché unique. Pour nous, Européens continentaux, notre intérêt est de maintenir des liens étroits avec l’un des principaux pays d’Europe ; c’est cela qui importera vraiment pour la relation britannique future avec l’UE. Les 27 doivent se préparer à négocier une solution à la « Norvégienne », qui toutefois doit être impérativement conditionnelle à l’acceptation du Royaume-Uni de la libre circulation des personnes. Le futur gouvernement, dans son propre intérêt, n’aura pas d’autre choix que d’oublier certains des folles promesses de la campagne. C’est aussi dans l’intérêt politique de l’UE, afin d’éviter toute contagion et trouver un juste équilibre entre l’impérieuse nécessité de garder le Royaume-Uni ancré à notre marché unique mais politiquement de confiner cette expérience nuisible pour l’avenir à ce seul pays .

Dans le meilleur des cas, le Royaume-Uni prendra une place dans un cercle immédiatement externe de notre espace européen. Et l’Union des 27 États membres entamera des réformes de fond, quelque chose que nous aurions dû déjà entamer, mais cette «  leçon anglaise » ne nous permet pas de repousser davantage cet important chantier. Là, on attend des initiatives communes de Paris et de Berlin !

… et pour conclure sur une note encourageante, une information du Monde sur l’Euro 2016 : « des supporteurs anglais construisent un stade dans une cité populaire de Marseille», comme quoi sport ne rime pas nécessairement avec hooliganisme ni avec exclusion et encore moins avec BREXIT !

Vous trouverez le suivi de cet important dossier sur l’article de notre site internet consacré au Brexit : ici

Jacques VONTHRON, Président de la Maison de l’Europe de Toulouse Midi-Pyrénées

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