Édito du Président (juin 2017)

« Le Bon , la Brute et le Truand ! »…

Ce western d’il y a 50 ans pourrait-il servir de sous-titre aux grands enjeux qui attendent le «futur de notre Défense européenne» face aux immenses défis que sont le Brexit et le nouveau Président des États Unis D. Trump? …si cela ne prêtait à sourire, alors que la situation est grave. Le lancement récent des négociations qui pourraient mener à la sortie du Royaume-Uni mais aussi l’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration américaine ont incité l’ensemble des dirigeants de l’UE à renforcer leur soutien en faveur d’une Défense européenne dès fin 2016, au sommet de Bratislava. Ils reconnaissaient aussi qu’ils doivent augmenter leur part du fardeau de la sécurité européenne en s’appuyant moins fortement sur les États-Unis.

Le vote de défiance d’un des peuples européens envers notre Union européenne, doit plus que jamais inciter nos dirigeants à réaffirmer la crédibilité de l’Union à 27 cette fois, si les négociations du Brexit aboutissaient, sous moins de 2 ans!

Six mois après cette prise de conscience, la Commission européenne vient de présenter son document de réflexion sur l’avenir de la Défense européenne (https://ec.europa.eu/commission/sites/beta-political/files/reflection-paper-defence_fr.pdf); en concentré il soumet aux États membres et au Parlement trois scénarios pour l’avenir de la défense de l’UE et propose la création d’un Fonds européen de défense doté de 5,5 milliards €. En insistant sur le fait qu’il ne fait pas double emploi avec l’alliance militaire de l’OTAN, la Vice-présidente de la Commission a présenté le plan «défense et sécurité» de l’UE : « Il ne s’agit pas de se substituer, ni à l’alliance, ni aux États-Unis, mais il s’agit de se concentrer sur ce que nous pouvons faire de plus pour nos propres besoins, pour nos propres intérêts ».

Le premier scénario présenté «Coopération de sécurité et de défense» propose que les États membres de l’UE à 27 continuent de décider de la nécessité de coopérer sur des questions de sécurité et de défense sur une base volontaire et au cas par cas, tandis que l’UE « complèterait » les efforts nationaux. En somme un quasi statu quo par rapport à la situation actuelle.
Le deuxième scénario présenté par la Commission européenne «Sécurité et défense commune» viserait à constituer un pool de certains actifs financiers et opérationnels pour accroître la solidarité de la défense entre les États membres de l’UE à 27. La sécurité à l’échelle de l’UE, la protection de l’Europe à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières serait une tâche pour l’acteur commun de la sécurité et de la défense. Le cyberespace, la protection des frontières et la lutte contre le terrorisme seraient de nouveaux champs d’action, tout en renforçant la dimension de défense et de sécurité des politiques internes de l’UE telles que l’énergie, la santé, les douanes ou l’espace.
Le troisième scénario plus ambitieux de «Défense unique et sécurité» propose l’élaboration progressive d’une politique commune de défense de l’Union, qui déboucherait éventuellement sur une défense unique en vertu de l’article 42 du Traité UE. Ainsi un groupe d’États membres pourrait amener la coopération européenne en matière de défense à un niveau plus poussé. Dans ce scénario, la protection de l’Europe serait la responsabilité mutuelle de l’UE et de l’OTAN.

« La Belle endormie » à savoir notre défense européenne, depuis tant de décennies après la CED avortée (Communauté européenne de Défense) se réveillerait-elle?

Jacques VONTHRON
Président de la Maison de l’Europe – CIED

 

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